Belvédère à la Viste
« C'est un jardin extraordinaire... », dit la chanson.
Niché tout au bout d'une impasse dans le quartier de « La Viste », sur un terrain municipal au fond du boulevard d'Hanoï dans le XVème arrondissement, le jardin du Belvédère nous réserve quelques surprises ainsi qu'une vue imprenable sur la rade de Marseille.

Tout d'abord des tournesols, des courges géantes, nous accueillent sur les parcelles pédagogiques, surmontées de ci de là de panneaux qui nous expliquent, entre autre, des techniques de culture ancestrales.
Et puis on découvre un foisonnement de parcelles hérissées de piquets en bois où, tomates, courgettes, menthe, courges, melons, artichauts, verveine, salades et pommes de terre semblent vraiment bien pousser grâce au travail réalisé sur la terre d'argile caillouteuse du plateau de La Viste et ce, malgré le Mistral qui souffle si souvent.
Chacune des trente parcelles est différente et pourtant elles sont toutes à peu près de pareilles dimensions bien qu’asymétriques et non alignées ; car chacun y met un peu de son goût personnel et de son histoire.
Ce jour-là de juin, une dizaine de jardiniers s'activent au coucher du soleil. On sent bien qu'ici il y a de la vie, des rapports de voisinage d'un autre style que ceux que l'on est habitués à rencontrer. On comprend que la citoyenneté jardinière, ici, se pratique au quotidien.

Au départ, sous l'impulsion du centre Social « Del Rio » (la Viste), accompagné par l'association Arènes, un groupe d'habitants, venant de différents lieux d'habitations de la Viste, s'est petit-à-petit pris au jeu et intéressé au projet de créer un jardin partagé sur ce terrain.
La Ville de Marseille, propriétaire du site, dans sa dynamique de mise en valeur des terrains municipaux sans usage affecté, a proposé très vite au groupe d'entrer dans la démarche des jardins partagés. La charte, ainsi qu'une convention d'occupation précaire, ont a été signées dans la foulée par le centre Social Del Rio en septembre 2012.
Depuis, ce jardin de 4 000 m² et ses jardiniers ont fait du chemin.
Les jardiniers ont pu être aidés par le Service des Espaces Verts et de la Nature de la Ville de Marseille qui a fourni de la terre et des récupérateurs d'eau de pluie. Les services techniques ont réalisé des travaux sur le sol, et des opérations de nettoyage du terrain ont eu lieu, complétées par le travail acharné des jardinières et jardiniers.
Le Centre Social Del Rio, dès la convention signée, grâce aux financements obtenus dans le cadre de la Politique de la Ville (2013-2014-2015) et à l'aide de la fondation de France (2011), a pu épauler, accompagner et mettre à disposition une jardinière et un médiateur pour le projet du « Jardin du Belvédère ».
Et le Jardin du Belvédère a pu être inauguré par Laure Agnès Caradec le 30 mai 2013.
Hélène Barthélemy, Présidente de la nouvelle association, nous rappelle l'historique du jardin et explique comment chacun des jardiniers et membres de l'association participe et jardine à sa manière :
« Notre association "Le jardin partagé du Belvédère" s'est créée depuis fin mars 2015 pour prendre le relais du Centre Social Del Rio afin que les jardiniers s'autonomisent et assurent la gestion de « leur » jardin partagé. C'est ce qui est en train de se passer. À terme, nous devrions même arriver à gérer le poste d'adulte-relais nous-mêmes » (…)
« La plupart d'entre nous sommes là depuis le début. Sur les 30 parcelles individuelles du jardin, nous sommes 32 jardiniers. Au début chaque parcelle avait son récupérateur d'eau individuel et maintenant nous les enlevons petit à petit car nous installons un accès à l'eau directement sur chacune des parcelles (compteur agricole), ce qui va nous permettre de mieux gérer nos consommations individuelles d'eau et nos factures et aussi d'avoir de plus beaux légumes et moins de moustiques ! »

Hanissa est aussi membre du CIQ du quartier et cultive sa parcelle depuis 3 ans. Elle nous montre les premières récoltes de la saison : « Depuis qu'on a fait installer l'eau de la ville dans chaque parcelle, on se sent mieux. Maintenant je peux tout cultiver sans craindre de manquer d'eau».
Walid, adulte-relais, vient d'être embauché récemment par le Centre Social. Ses missions consistent à recevoir les enfants des écoles (La Viste Bousquet et Notre dame de la Viste) pour des animations sur les parcelles pédagogiques et/ou collectives. Une parcelle a été donnée en gestion au foyer de résidents étrangers CADA ADOMA et des liens se sont créés depuis entre jardiniers de différentes nationalités autour des savoir-faire ancestraux de tous les pays.
Il accueille également des groupes d'adolescents et de jeunes adultes en insertion, des chantiers éducatifs de l'ADDAP, ainsi que le centre aéré du Centre Social. Il a pour mission de faire vivre le jardin toute l'année tout en épaulant l'association et en accompagnant les jardiniers.
Bien qu'il soit là depuis peu, on sent bien que Walid est fier de nous faire visiter ce jardin extra-ordinaire et nous montrer les réalisations antérieures :
> La table en cadran solaire montée sur roulette réalisée par les ateliers « Sud-Side » avec un groupe d'ados du Centre Social,
> L'abri en bois qui sert de podium et d'agora pour les temps conviviaux et les repas de quartier réalisé par le « collectif ETC »,
> L'hôtel à insecte,
> La signalétique réalisée grâce à un chantier éducatif suivi par l'ADDAP,
> Les composteurs de jardin,
> La bande de 10 mètres non cultivée afin de préserver la biodiversité,
> Les plantes mellifères,
> La spirale à plantes aromatiques en cours de construction.
Il nous parle aussi avec enthousiasme des projets à venir : « Avec l'association, nous souhaitons réaliser un accès pour les handicapés, c'est notre prochain chantier collectif. Nous souhaiterions également terminer la spirale en pierre dans le jardin pédagogique. »

Yamina, elle, profite aussi du coucher de soleil pour arroser sa parcelle. De l’ail, de la menthe, des semis de tomates, un figuier sauvage, des oignons géants. Ce tout petit bout de terre lui rappelle des souvenirs : « Je suis là tous les jours, dès 14h30 jusqu'à 18h, surtout l'hiver, je reste là pour regarder pousser mes plantes, ça me détend. Ici, je suis bien ! »
Une charte des jardins partagés, signée avec la Ville de Marseille, ainsi qu'un règlement intérieur régulent la vie au jardin. Hélène Barthélémy, précise : « Normalement il est prévu de renouveler tous les trois ans un tiers des jardiniers à partir d'une liste d'attente. Mais le turn-over se fait naturellement et nous arrivons à attribuer les parcelles qui se libèrent sans difficulté. »
Alors, ce jardin extraordinaire peut se révéler être aussi tout à fait… ordinaire ou plutôt simplement normal et productif. Il donne aux habitants de ce quartier, qu'ils soient homme ou femme, jeunes ou vieux, qu'ils habitent dans des petites villas dans de l'habitat ancien sur le plateau de la Viste ou en cité HLM comme au « 38 » ou bien en résidence comme à « la Viste Provence », l'occasion de jardiner, de se détendre, de créer ensemble un projet collectif et de faire un petit peu évoluer les mentalités. Modestement et sûrement, grâce à la mixité sociale et géographique, il change les relations sociales et leur relation à l'environnement.
Et puis, bien sûr, accessoirement et avant tout, il produit de beaux fruits et légumes, frais, naturels et « tirés du potager » pour le plaisir de la table et de la famille tout autant qu'il génère de belles rencontres, de petits et de grands changements dans la vie des jardiniers et dans la qualité de vie du quartier.
Niché tout au bout d'une impasse dans le quartier de « La Viste », sur un terrain municipal au fond du boulevard d'Hanoï dans le XVème arrondissement, le jardin du Belvédère nous réserve quelques surprises ainsi qu'une vue imprenable sur la rade de Marseille.
Tout d'abord des tournesols, des courges géantes, nous accueillent sur les parcelles pédagogiques, surmontées de ci de là de panneaux qui nous expliquent, entre autre, des techniques de culture ancestrales.
Et puis on découvre un foisonnement de parcelles hérissées de piquets en bois où, tomates, courgettes, menthe, courges, melons, artichauts, verveine, salades et pommes de terre semblent vraiment bien pousser grâce au travail réalisé sur la terre d'argile caillouteuse du plateau de La Viste et ce, malgré le Mistral qui souffle si souvent.
Chacune des trente parcelles est différente et pourtant elles sont toutes à peu près de pareilles dimensions bien qu’asymétriques et non alignées ; car chacun y met un peu de son goût personnel et de son histoire.
Ce jour-là de juin, une dizaine de jardiniers s'activent au coucher du soleil. On sent bien qu'ici il y a de la vie, des rapports de voisinage d'un autre style que ceux que l'on est habitués à rencontrer. On comprend que la citoyenneté jardinière, ici, se pratique au quotidien.
Au départ, sous l'impulsion du centre Social « Del Rio » (la Viste), accompagné par l'association Arènes, un groupe d'habitants, venant de différents lieux d'habitations de la Viste, s'est petit-à-petit pris au jeu et intéressé au projet de créer un jardin partagé sur ce terrain.
La Ville de Marseille, propriétaire du site, dans sa dynamique de mise en valeur des terrains municipaux sans usage affecté, a proposé très vite au groupe d'entrer dans la démarche des jardins partagés. La charte, ainsi qu'une convention d'occupation précaire, ont a été signées dans la foulée par le centre Social Del Rio en septembre 2012.
Depuis, ce jardin de 4 000 m² et ses jardiniers ont fait du chemin.
Les jardiniers ont pu être aidés par le Service des Espaces Verts et de la Nature de la Ville de Marseille qui a fourni de la terre et des récupérateurs d'eau de pluie. Les services techniques ont réalisé des travaux sur le sol, et des opérations de nettoyage du terrain ont eu lieu, complétées par le travail acharné des jardinières et jardiniers.
Le Centre Social Del Rio, dès la convention signée, grâce aux financements obtenus dans le cadre de la Politique de la Ville (2013-2014-2015) et à l'aide de la fondation de France (2011), a pu épauler, accompagner et mettre à disposition une jardinière et un médiateur pour le projet du « Jardin du Belvédère ».
Et le Jardin du Belvédère a pu être inauguré par Laure Agnès Caradec le 30 mai 2013.
Hélène Barthélemy, Présidente de la nouvelle association, nous rappelle l'historique du jardin et explique comment chacun des jardiniers et membres de l'association participe et jardine à sa manière :
« Notre association "Le jardin partagé du Belvédère" s'est créée depuis fin mars 2015 pour prendre le relais du Centre Social Del Rio afin que les jardiniers s'autonomisent et assurent la gestion de « leur » jardin partagé. C'est ce qui est en train de se passer. À terme, nous devrions même arriver à gérer le poste d'adulte-relais nous-mêmes » (…)
« La plupart d'entre nous sommes là depuis le début. Sur les 30 parcelles individuelles du jardin, nous sommes 32 jardiniers. Au début chaque parcelle avait son récupérateur d'eau individuel et maintenant nous les enlevons petit à petit car nous installons un accès à l'eau directement sur chacune des parcelles (compteur agricole), ce qui va nous permettre de mieux gérer nos consommations individuelles d'eau et nos factures et aussi d'avoir de plus beaux légumes et moins de moustiques ! »
Hanissa est aussi membre du CIQ du quartier et cultive sa parcelle depuis 3 ans. Elle nous montre les premières récoltes de la saison : « Depuis qu'on a fait installer l'eau de la ville dans chaque parcelle, on se sent mieux. Maintenant je peux tout cultiver sans craindre de manquer d'eau».
Walid, adulte-relais, vient d'être embauché récemment par le Centre Social. Ses missions consistent à recevoir les enfants des écoles (La Viste Bousquet et Notre dame de la Viste) pour des animations sur les parcelles pédagogiques et/ou collectives. Une parcelle a été donnée en gestion au foyer de résidents étrangers CADA ADOMA et des liens se sont créés depuis entre jardiniers de différentes nationalités autour des savoir-faire ancestraux de tous les pays.
Il accueille également des groupes d'adolescents et de jeunes adultes en insertion, des chantiers éducatifs de l'ADDAP, ainsi que le centre aéré du Centre Social. Il a pour mission de faire vivre le jardin toute l'année tout en épaulant l'association et en accompagnant les jardiniers.
Bien qu'il soit là depuis peu, on sent bien que Walid est fier de nous faire visiter ce jardin extra-ordinaire et nous montrer les réalisations antérieures :
> La table en cadran solaire montée sur roulette réalisée par les ateliers « Sud-Side » avec un groupe d'ados du Centre Social,
> L'abri en bois qui sert de podium et d'agora pour les temps conviviaux et les repas de quartier réalisé par le « collectif ETC »,
> L'hôtel à insecte,
> La signalétique réalisée grâce à un chantier éducatif suivi par l'ADDAP,
> Les composteurs de jardin,
> La bande de 10 mètres non cultivée afin de préserver la biodiversité,
> Les plantes mellifères,
> La spirale à plantes aromatiques en cours de construction.
Il nous parle aussi avec enthousiasme des projets à venir : « Avec l'association, nous souhaitons réaliser un accès pour les handicapés, c'est notre prochain chantier collectif. Nous souhaiterions également terminer la spirale en pierre dans le jardin pédagogique. »
Une charte des jardins partagés, signée avec la Ville de Marseille, ainsi qu'un règlement intérieur régulent la vie au jardin. Hélène Barthélémy, précise : « Normalement il est prévu de renouveler tous les trois ans un tiers des jardiniers à partir d'une liste d'attente. Mais le turn-over se fait naturellement et nous arrivons à attribuer les parcelles qui se libèrent sans difficulté. »
Alors, ce jardin extraordinaire peut se révéler être aussi tout à fait… ordinaire ou plutôt simplement normal et productif. Il donne aux habitants de ce quartier, qu'ils soient homme ou femme, jeunes ou vieux, qu'ils habitent dans des petites villas dans de l'habitat ancien sur le plateau de la Viste ou en cité HLM comme au « 38 » ou bien en résidence comme à « la Viste Provence », l'occasion de jardiner, de se détendre, de créer ensemble un projet collectif et de faire un petit peu évoluer les mentalités. Modestement et sûrement, grâce à la mixité sociale et géographique, il change les relations sociales et leur relation à l'environnement.
Et puis, bien sûr, accessoirement et avant tout, il produit de beaux fruits et légumes, frais, naturels et « tirés du potager » pour le plaisir de la table et de la famille tout autant qu'il génère de belles rencontres, de petits et de grands changements dans la vie des jardiniers et dans la qualité de vie du quartier.